Nous sommes fin août 2017, il fait chaud, on est en vacances quand tout à coup, je trouve une toute petite bosse sur le côté de mon sein droit…pas d’inquiétude je me suis sûrement cognée sans m’en apercevoir.  Comme la bosse est toujours présente à mon retour de vacances, je prends un rendez-vous avec mon médecin de famille.  S’en suit toute une batterie d’examen, mammographie, échographie, biopsie pour finalement arriver au verdict, fin octobre 2017, cancer du sein.

J’ai alors 43 ans, une fille de 17 ans et un conjoint. L’annonce de ce résultat me fait comme une douche glacée et être accompagnée de mon conjoint fait toute la différence car mon cerveau n’entend plus la suite de ce qui s’en vient pour moi.

En l’espace de quelques semaines, je rencontre une chirurgienne qui m’explique qu’on devra me faire une mastectomie complète, ce qui signifie que je vais perdre mon sein mais que ça va m’éviter de faire de la radiothérapie et probablement aussi de la chimiothérapie. Elle me dit également qu’on va prélever un certain nombre de ganglions qui seront analysés et c’est à partir de ces résultats qu’on saura la suite des choses.

Je demande à rencontrer une plasticienne car je veux qu’on effectue une reconstruction immédiate, je ne veux pas me retrouver sans sein.  Je rencontre donc une chirurgienne-plasticienne qui m’explique le déroulement de l’opération. On doit programmer les 2 chirurgiens en même temps. Le premier va s’occuper de retirer le sein, gratter tous les tissus et aller prélever les ganglions. La deuxième va insérer une prothèse temporaire (expanseur) sous mon muscle qui sera remplie à un certain volume.  Ça veut également dire que je devrai être opérée à nouveau après la guérison complète afin de recevoir les implants permanents.

C’est donc le 19 décembre 2018 que l’opération se déroule. Je commence alors un long congé maladie.  C’est parfois extrêmement douloureux physiquement et mentalement mais j’essaie de rester positive et souriante pour ma famille et de participer comme je le peux à l’anniversaire de mon conjoint qui fête ses 50 ans ainsi que la période des fêtes. J’ai beaucoup de soutien de ma famille, mes amis et collègues de travail.

Le 17 janvier 2018, je revois ma chirurgienne qui a reçu les résultats d’analyse des ganglions……mauvaise nouvelle, des micro-métastases ont été trouvées sur un ganglion, ce qui veut dire que le cancer avait commencé à se promener. Elle me réfère à un oncologue qui va me proposer un traitement préventif.

La crainte de toute femme me frappe de plein fouet, en plus d’avoir perdu un sein, je vais perdre mes cheveux. Avant de rencontrer l’oncologue, je fais plein de recherches sur Internet pour essayer de trouver un moyen pour éviter cette éventualité.

Ma rencontre avec l’oncologue se résume comme suit : ‘’dans votre cas, à titre préventif, il faudrait faire 4 traitements à toutes les 3 semaines pendant 3 mois et malheureusement tous les traitements pour le cancer du sein font perdre les cheveux. Je vous conseille fortement de vous faire couper les cheveux courts ou de les raser tout de suite car ça va être moins traumatisant que de les voir tomber par longue couette’’.  Je pleure toutes les larmes de mon corps, je suis fâchée, triste et je refuse d’y croire. Je suis prête à refuser les traitements pour ne pas que ça arrive….mais je dois penser à ma famille, je ne veux pas mourir, je suis une battante.

C’est alors que je lui demande son avis sur les casques réfrigérants que j’avais pu lire sur Internet. Il me dit que les statistiques ne sont pas très encourageantes mais que je peux toujours le demander. Il m’informe que l’hôpital Pierre Le Gardeur où je serai suivie en possède quelques exemplaires. Je finis par accepter les traitements. Je fais quand même raccourcir mes cheveux pour leur donner une meilleure chance de survie car j’ai les cheveux très longs.

C’est donc de cette façon que j’ai débuté mes traitements en février 2018. On m’explique alors que pour que le casque soit efficace, on doit le porter 30 minutes avant de débuter la chimio et le conserver 1 heure après la fin du traitement.

Dans mon cas, je devais recevoir 3 médicaments différents dont 2 où je devais porter le casque. Ma fille et/ou ma mère m’accompagnait car on doit changer le casque régulièrement et bien l’installer pour que le froid touche partout le cuir chevelu.

Le casque est parfois difficile à supporter. Il faut être fort et déterminée mais je n’avais pas l’intention de laisser gagner la maladie. J’avais mal à la tête, des sensations de brûlure tellement c’était froid mais je m’obstinais à le garder. J’avais également les doigts dans la glace car 1 des produits peut faire tomber les ongles….par chance, ils ont des couvertures chaudes que ma fille s’empressait de me changer souvent pour ne pas que je grelotte.

Il ne faut pas oublier qu’il faut faire attention à nos cheveux pendant cette période. Je devais les laver à l’eau froide et ne jamais utiliser de chaleur pour le séchoir. Les manipuler avec soin et j’en perdais quand même. J’ai réussis à faire les 4 traitements avec ce casque et aujourd’hui j’ai encore plus de 75% de mes cheveux. J’ai conservé tout le dessus de ma tête. J’avais très épais de cheveux et je crois que le froid ne pouvait pas aller assez profond pour geler le dessous, c’est pourquoi ceux-ci sont tombés malgré tout.

Environ 6 semaines après la fin des traitements,  mes cheveux ont commencé à repousser.

Pouvoir me regarder sans voir la maladie. Être capable de sortir sans sentir le jugement des autres car tout le monde sait qu’une femme sans cheveux est signe de cancer. Me sentir ‘’comme avant’’ ou du moins le plus possible, c’est tout ça que ce casque m’a permis de réaliser.

Le fait de garder MES cheveux, MA coupe, MA couleur a fait en sorte que c’était moins déprimant pour moi. Je me sentais moins malade et plus positive.  Je pouvais mettre plus d’énergie là où c’était nécessaire afin de guérir au plus vite.

Je suis convaincue que ce casque m’a sauvée la vie à sa façon.